Vendredi 14 octobre
Les Cathares, entre politique et religion
par Christine DIDIER et Marie-José RIZZI
Tout commence à Saint-Gilles avec l’attentat en 1208 contre le légat du pape, tout s’achève avec l’annexion de l’immense territoire des comtes de Toulouse par le roi de France. Entre temps, un drame de près d’un siècle.
Il est important de comprendre les deux aspects entremêlés de cette histoire tragique. L’aspect religieux d’une hérésie qui, comme d’autres grands courants chrétiens, risquait de mettre en danger le trône de Saint-Pierre : le totalitarisme de Rome se devait de l’exterminer. Et l’aspect politique de cette croisade, qui a abouti à réunir le sud et le nord de notre pays.
C’est cette histoire que nous allons vous raconter, histoire trop souvent romancée, voire fantasmée dans la littérature et au cinéma… Une tragédie qui continue à hanter nos consciences méridionales, une histoire de persécution et de liberté.
Vendredi 21 octobre
BOTTICELLI, apogée et crise de la renaissance florentine
par Christian LOUBET
Sandro Botticelli (1445-1510) fut d'abord l'interprète de l'idéologie humaniste de la Renaissance à la cour de Laurent le Magnifique. Ses peintures mythologiques réalistes initient une iconographie quasiment religieuse. Nu chaste surgi des eaux (La Naissance de Vénus) ou figure de Madone au centre de la Nature (Le Printemps), Vénus, déesse antique de l'Amour et de la Beauté, tout ici incarne l'idéal platonicien d'une humanité régénérée dans un paysage sublimé.
Mais la violente réaction intégriste de la fin du siècle (1494-98) sous l'impulsion du dominicain Savonarole entraîne une vive crise de conscience. Ebranlé, Sandro exprimera alors son "repentir" dans un style nouveau avec des tableaux religieux expressifs (Déposition, Nativité). Dès 1496 dans La Calomnie, il présente symboliquement un véritable plaidoyer personnel.
Par deux fois, il fut donc l'interprète majeur d'une société. Il exprima l'harmonie sereine de la renaissance classique, puis vers 1500 l'inquiétude religieuse que traduiront après lui les maniéristes.
Vendredi 4 novembre
TOCQUEVILLE, une réflexion sur la démocratie
par Marc ORTOLANI
Né en 1805 dans une vieille famille aristocratique, Alexis de Tocqueville est confronté aux conséquences de la Révolution française, le triomphe de la liberté et la conquête de l’égalité, qui ouvrent la voie du régime démocratique. Profitant d’un voyage en Amérique, il décide de se confronter à « ce qu’est une véritable démocratie » : en effet, pressentant l’avance de ce pays sur l’Europe, il découvre les principaux bienfaits mais aussi les vices de ce type de régime. Si cela lui inspire une sorte de « terreur », il est bien conscient qu’aucun retour en arrière n’est possible et que l’avènement de la démocratie est « irrésistible ». Avec des arguments qui sont ceux d’un aristocrate de son temps, mais qui résonnent toujours d’une extraordinaire modernité, celui qui est sans doute l’un des plus grands penseurs politiques du XIXe siècle nous révèle une multitude de solutions pour corriger les vices de la démocratie et assurer ainsi le bonheur du plus grand nombre.
Vendredi 18 novembre
L'opéra à la française au temps de Molière et Lully
par Cécile VIGNESOULT
La musique et la danse font partie intégrante du théâtre de Molière. Pas moins de 13 titres illustrent la création, par le duo qu’il formait avec Lully, d’un genre nouveau au XVIIe siècle, et qui s’éteindra avec lui : la comédie-ballet. Molière a conçu avec Lully et sous son impulsion une œuvre, qui s’est orientée dans des directions que rien ne laissait prévoir. Et Lully n’aurait sans doute jamais donné le jour à l’opéra français sans Molière. Une dernière collaboration réunit les deux Jean-Baptiste pour la tragi-comédie-ballet Psyché : c'est une véritable antichambre de l’opéra.
Cette conférence vous invite à découvrir les origines de l'opéra en Italie, son arrivée à la cour de France, le développement de la musique lyrique dans les œuvres du duo Molière / Lully, les causes de la rupture et la création de l’Académie royale de musique, le devenir de Molière sans Lully, mais avec ... Charpentier.
Vendredi 25 novembre
PROUST, l'énigme de la sonate de Vinteuil
par André PEYREGNE
Marcel Proust, dont on célèbre cette année le centenaire de la mort, a vécu une existence baignée de musique. On en trouve trace dans la "Recherche du temps perdu", notamment par la présence de la Sonate de Vinteuil, qui accompagne les amours de deux des personnages principaux, Charles Swann et Odette de Crécy.
De quels musiciens Proust s'est-il inspiré pour créer le personnage imaginaire du compositeur Vinteuil ? De Debussy, Ravel, Saint-Saëns, Franck, Fauré, Reynaldo Hahn ou d'autres encore ? André Peyregne émettra plusieurs hypothèses afin de résoudre cette énigme littéraire et musicale.
Vendredi 2 décembre
J.W.WATERHOUSE, le dernier préraphaélite
par Gilbert CROUÉ
John William Waterhouse (1849-1917), est un des derniers venus dans la mouvance des peintres préraphaélites britanniques, très à la mode pendant le règne de la Reine Victoria. Peintre habile, passionné de mythologies et de nature, il recrée certains mythes dans une esthétique élégante, pleine de poésie, avec une peinture qu’on peut qualifier d’académisme enchanteur.
Il est particulièrement passionné par les portraits féminins, toujours d’une grande beauté, même dans les destins les plus tragiques. Il illustre la dernière floraison lumineuse du « beau » tant recherché par ses ainés, les Préraphaélites.
Vendredi 9 décembre
Nelson MANDELA, un long chemin vers la liberté
par Francis TORJMAN
Construire une nation démocratique où les gens de couleur et les blancs de son pays auront les mêmes droits et abroger l’apartheid, tel fut le but que s’est assigné toute sa vie Nelson Mandela, même pendant ses années de détention.
Il rejoint dans l’histoire d’autres grands hommes, comme le Mahatma Gandhi, ou Martin Luther King, qui ont combattu toute leur vie pour l’indépendance de leurs pays, l’égalité des droits civiques, la défense des droits de l’homme et de la démocratie. Nelson Mandela laisse dans le monde entier l’image d’un homme qui a réussi à réconcilier les inconciliables !
Vendredi 16 décembre
Albert-Edouard, prince de Galles, roi de la Riviera
par Jean-Louis REPPERT
Qui ne connait la Reine Victoria, souveraine du Royaume Uni, du Canada et d’Australie et Impératrice des Indes (1819 – 1901) ? Connaissons-nous autant son fils, Albert-Edward ?
Le prince de Galles a commencé par ronger son frein comme héritier présomptif durant près de 60 ans. En effet, durant le long règne de Victoria, il fut largement mis à l'écart des questions politiques et passa le plus clair de son attente sur la Riviera française. Il y construisit une réputation de lanceur de modes et d’enfant terrible de la dynastie qui éclipsa souvent le rôle modernisateur du Royaume Uni qu’il eut durant son court règne ultérieur (1901 – 1910), sous le nom d’Edouard VII.
Vendredi 6 janvier 2023
Les frontières du comté de NICE
par Jean-Loup FONTANA
Au fil d'une histoire particulièrement agitée, les démarcations entre Provence et duché de Savoie, puis entre royaume de France et royaume de Piémont-Sardaigne, enfin entre République française et République d'Italie, traduisent aussi bien des ambitions politiques que des conceptions juridiques (et fiscales) de la notion de "frontière".
La délimitation Var-Estéron (1760), la constitution des "territoires de chasse" (1860) ou les interminables négociations autour de Colla Lunga (1989) en constituent quelques épisodes remarquables, sans négliger l'évolution du territoire monégasque plus ou moins englobé dans ces discussions.
Vendredi 13 janvier
La lumière de VERMEER
par François MARTIN
43 ans de vie tranquille et silencieuse dans la petite ville de Delft, où l’on fabriquait de merveilleuses faïences, tel fut le destin pu peintre Vermeer. Apparemment, il traite les mêmes scènes que la plupart des artistes hollandais du XVIIème siècle : des intérieurs bourgeois. Mais Vermeer enrichit la réalité en y apportant le mystère et la lumière qui créent dans ses tableaux une atmosphère de sentimentalité secrète et de vie silencieuse.
Saisir la beauté et l’émotion fugitive de l’instant pour l’éterniser, c’est la poésie de Vermeer, d’autant plus précieuse que son œuvre se limite à une trentaine de tableaux. Il exerce encore aujourd’hui une véritable fascination.
Vendredi 20 janvier
Le Blues, de MEMPHIS à CHICAGO
par Jean-Paul ALIMI et Tom GILROY
Le BLUES, par sa puissance émotionnelle et la profondeur des sentiments qu'il exprime, renvoie l'essentiel de l'âme humaine, cette trame fondamentale de sang, de sueur, de larmes, de désirs et de frustrations. Tout au long du XXe siècle, les interprètes et créateurs du « Blues » ont donné naissance non pas à un blues, mais à des blues. Réciproquement, le « Blues » dans son évolution, a influencé la naissance de nouvelles formes musicales.
Cette conférence, enrichie d'écoutes et d'extraits interprétés en direct au piano par J-P. Alimi et au saxo par Tom GIlroy, propose un véritable voyage musical passant du Sud au Nord des États-Unis et qui a permis, au Blues de se métamorphoser en plusieurs et différents styles, passant d'une approche acoustique dite « rurale» à un style électrique dit «urbain».
Vendredi 27 janvier
Les arts de la table au siècle des Lumières
par Pierre-Yves BEAUREPAIRE
Le siècle des Lumières n’est pas qu’une révolution philosophique et intellectuelle. Il se distingue aussi par un mode de vie nouveau, qui, avec inventivité et raffinement, aspire à transformer les matières de table, faisant ainsi écho à l’évolution de la société française.
Les convives recherchent davantage d’intimité, des lieux plus propices à la sociabilité : châteaux d’agrément et « folies », mais aussi pique-nique et buffets froids. L’essor des porcelaines européennes permet de réaliser de somptueux services aux décors rustiques, floral ou antique.
La mode est à la simplicité (apparente) et à l’authenticité : fruits, laitages et viandes rôties s’imposent sur les tables au détriment des plats traditionnels chargés en sauce La consommation des produits exotiques et du sucre en provenance des Antilles s’accroît également. La rivalité franco-britannique et les influences culturelles se manifestent aussi à travers les arts de la table.
Vendredi 3 février
Scandale à Orsay ! L'image de la femme dans la peinture du XIXe siècle
par Agnès DUMARTIN-ABITBOL
La femme est au cœur des consciences masculines, depuis la nuit des temps. Vierge, Eve ou prostituée, on la vénère, on la convoite, on la craint …Elle donne la vie, partant, elle donne la mort …Si elle reste la principale source d’inspiration dans l’Art du XIXe siècle, elle sera aussi à l’origine des plus grands scandales, qui mettront à bas la toute puissante Académie des Beaux-Arts, longtemps gardienne d’une tradition artistique, hostile à tout courant novateur …
Vendredi 10 février
MÉCÈNE, prince des arts
par Christine DIDIER
Si le nom de Mécène n'évoque plus guère aujourd'hui que l'activité de patronage des arts, il ne faut pas pour autant oublier que Caius Maeccenas fut bien plus que le protecteur d'Horace, Properce ou Virgile. Bras droit d'Auguste, il joua en son temps un rôle politique déterminant et sa trajectoire semble se confondre avec la création de ce régime que l'on nomme Principat.
Au côté du futur Auguste, il fut chargé d'affaires policières et diplomatiques avant de se retirer de la scène du pouvoir. Il n'en resta pas moins dans les coulisses, exerçant son influence à l'intersection de nombreux réseaux intellectuels et artistiques. Toujours présent, partout actif, il participa sans relâche à l'élaboration de ce que les historiens nomment le "siècle d'Auguste".
Vendredi 17 février
Les sources et le sens du communisme russe, selon Nicolas Berdiaiev
par Marie-José RIZZI
Dans son ouvrage « Les sources et le sens du communisme russe » publié à Paris en 1936, Nicolas Berdiaiev, chassé de son pays par le régime soviétique en 1921, insistait sur les racines chrétiennes de la Révolution russe.
Pour ce philosophe, le communisme russe est très différent du communisme et du marxisme occidental. Le césaropapisme des tsars engendrait déjà une mystique messianiste et totalitaire, exigeait une foi aveugle en le pouvoir, et se mariait étrangement au penchant apocalyptique de l'âme russe. Entre Ivan le Terrible, Pierre le Grand et Lénine, il y a une singulière continuité, un même étatisme mystique et forcené.
Aujourd'hui, les nouveaux tsars russes, en manque d'idéologie, se maintiennent au pouvoir en affichant un pitoyable ersatz de cette même vision, dont il est bon de connaître l'original pour comprendre les dérives de la Russie contemporaine.
Vendredi 24 février
Démographie et climat : deux enjeux majeurs du XXIe siècle
par Jean-Pierre LOZATO
Jamais dans l’histoire de l’humanité nous n’avons observé ni enregistré, en même temps, une croissance aussi rapide de la population mondiale et d’indices de changements climatiques sur l’ensemble de la planète. En effet, depuis l’apparition d’Homo Sapiens, en Afrique, il y a près de 300 000 ans, le premier milliard d’habitants ne fut atteint que vers la fin du XIXème siècle. Dès lors, la démographie mondiale a connu une croissance spectaculaire et inégalée par sa rapidité dans le temps et dans l’espace : 3 milliards d’habitants en 1960 et plus de 8 milliards aujourd’hui ! Parallèlement, l’on enregistre une élévation moyenne de la température au cours du XXème et, semble-t-il, encore plus rapide au XXIème siècle ! Notre principale problématique consiste à examiner quels rapports peuvent exister entre les deux phénomènes et quelles en sont leurs divers impacts et leurs perspectives à plus ou moins long terme.
Vendredi 3 mars
Quand la peinture raconte l'extraordinaire aventure de l'eau
par Catherine de BUZON
Des récits bibliques aux grandioses paysages, dans l’intimité de la maison aux fontaines des jardins, l’Eau se raconte, multiple et splendide sous le pinceau des peintres.
Mythologie et Allégories se sont volontiers emparées de ses multiples visages. Des métamorphoses mouvantes, parfois dangereuses ou douloureuses, de nuages, brumes et brouillards en pluie … de neige … en glace.
Tumultueuse en cascades et torrents, voici les courtisanes rivières et les fleuves impériaux. L’eau se livre, paisible, en étangs et lacs, s’offrant en reflets inouïs pour le repos comme pour le labeur, pour les hommes comme pour les bêtes… Elle est la vie !
Vendredi 10 mars
Gustave MOSSA, entre symbolisme et régionalisme
par Johanne LINDSKOG
Cette conférence se propose de mettre en lumière l’ensemble de la carrière artistique de Gustave-Adolphe Mossa, souvent réduite à ses premières œuvres symbolistes. Créateur niçois à la fois virtuose et sulfureux, certaines de ses œuvres préfigurent le surréalisme, mais aussi l’esthétique manga et l’heroic fantasy.
Mossa devient conservateur du musée des Beaux-Arts de Nice à partir de 1926. La conférencière évoquera également le rôle capital qu’il a joué dans la conservation et la promotion du patrimoine régional tout au long de sa vie.
Vendredi 17 mars
Le palais CARNOLES, histoire et architecture
par Elsa PUHARRÉ
Vendredi 24 mars
Anna-Maria ORTESE, une fantastique humanité
par Patrick MÉGEVAND et Roberta APICELLA
Anna Maria Ortese a traversé tout le XXème siècle. Née à Rome en 1914, cet écrivain, dont l'œuvre a été intégralement traduite en français, publia ses premières nouvelles "fantastiques" en 1937. Dès lors paraîtront des nouvelles, des romans, des poèmes et des essais d'une grande richesse intellectuelle parmi lesquels La mer ne baigne pas Naples, L'Iguane, Le silence de Milan, Les beaux jours, La douleur du chardonneret, Le port de Tolède, Corps céleste ou encore Les petites personnes, pour ne citer que quelques titres emblématiques de son œuvre.
Anna Maria Ortese aimait beaucoup la France même si elle l'a peu connue. Elle a définitivement refermé le livre de sa vie à Rapallo, en 1998. Anna Maria Ortese reste, aujourd'hui encore, une référence littéraire incontournable de la vie intellectuelle italienne.